Amnesty International a réitéré son appel à la libération d’un réfugié algérien enlevé à Tunis et inculpé à Alger sur de fausses accusations, dans une affaire flagrante de refoulement.
Slimane Bouhafs était un militant indépendantiste kabyle pacifique de foi chrétienne. Il a obtenu le statut de réfugié en Tunisie en 2020 pour échapper aux persécutions politiques et religieuses en Algérie. Son cas constitue une violation flagrante du non-refoulement qui interdit le retour forcé de personnes susceptibles d’être persécutées.
Bouhafs a été enlevé en août 2021 par des agents secrets algériens sous le regard des autorités tunisiennes.
« En vertu du droit international relatif aux droits humains, la Tunisie a l’obligation de protéger les réfugiés et de veiller à ce qu’ils ne soient pas renvoyés de force vers un pays où ils sont persécutés », a déclaré Amnesty International dans une lettre adressée au président Tebboune exigeant la libération de Bouhafs.
« Je vous exhorte à libérer immédiatement Slimane Bouhafs, à abandonner toutes les charges retenues contre lui et à lui permettre de quitter l’Algérie. En attendant, les autorités algériennes devraient veiller à ce que Slimane Bouhafs ne soit soumis à aucun mauvais traitement en prison », a déclaré Amnesty International.
Les experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU ont demandé aux gouvernements tunisien et algérien d’expliquer les mesures qu’ils avaient prises pour transférer Bouhafs de Tunisie vers l’Algérie.
Son cas met en lumière les risques de violations des droits humains en Tunisie sous la pression d’une Algérie qui entend qualifier tous les dissidents de terroristes.
Quatorze organisations de défense des droits de l’homme, outre Human Rights Watch, ont dénoncé les restrictions imposées aux libertés par les autorités algériennes, appelant le régime militaire algérien à mettre fin aux violations des droits humains fondamentaux, à respecter les droits civils et politiques universels et à autoriser les ONG indépendantes. d’opérer dans le pays sans harcèlement.
Dans les rapports soumis au rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de réunion et d’association pacifique, Clément Nyaletsossi Voule, en visite en Algérie du 16 au 26 septembre, les organisations de défense des droits de l’homme ont déclaré que les autorités algériennes ont démantelé la société civile indépendante du pays et entravé le pluralisme politique fondé sur sur les lois restrictives sur les associations, les partis politiques et les syndicats.
Plus tôt cette année, le Département d’État américain a dénoncé le recours aux accusations de terrorisme, conçues par Alger pour faire taire les dissidents pacifiques, car « les autorités ont cité des dispositions générales du code pénal, y compris l’appartenance à une organisation terroriste, pour arrêter ou punir les critiques, notamment les journalistes et défenseurs des droits de l’homme.
Les cas de torture abondent dans la « nouvelle Algérie » du général Chengriha puisque le rapport du Département d’État américain cite de nombreux cas, dont celui du militant Mohamed Benhalima qui a été torturé, battu et abusé sexuellement par les autorités pendant son emprisonnement. Pourtant, aucune enquête officielle n’a été menée sur ces traitements dégradants.
Benhalima avait dénoncé la corruption dans l’armée dès 2019 alors qu’il vivait en exil en Espagne suite à sa participation au mouvement de protestation du Hirak.
La multiplication des cas de disparitions et de détentions arbitraires a également été soulignée par le Département d’Etat américain qui évoque le calvaire du militant Abdelhamid Bouziza enlevé à son domicile de Tlemcen le 19 octobre.
Source : North Africa Post
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