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Diocèses Du Mans Et De Paderborn : Les Secrets Du « Plus Vieux Jumelage D’Europe »

Les diocèses du Mans et de Paderborn sont liés depuis près de douze siècles par un pacte de fraternité qui a résisté aux guerres entre la France et l’Allemagne. Une coopération qui permet des échanges culturels, pastoraux et financiers.

Près de 1 200 ans d’amitié, de coopération, d’échanges et d’unité. Fondé en 836, le jumelage entre le diocèse du Mans et l’archevêché allemand de Paderborn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) est communément désigné comme « le plus vieux jumelage d’Europe »« On ne sait pas bien si c’est effectivement le cas, sourit le père Marc Isnard, vicaire de la paroisse de La Flèche (sud de la Sarthe) et président de la Fraternité Saint-Liboire, l’association diocésaine chargée de la coopération entre les deux diocèses. Mais il est certain qu’il est l’un des plus anciens. »

Lors de son érection à la fin du VIIIe siècle, le diocèse de Paderborn se cherche un saint patron. Son premier évêque, Badurad, se tourne vers l’ordinaire du Mans, Aldric, lui aussi originaire de Saxe. Ce dernier lui confie ainsi les reliques de saint Liboire, l’un de ses prédécesseurs du IVe siècle. « Les deux évêques signent alors un pacte d’éternelle fraternité qui dure encore jusqu’à nos jours, poursuit le père Marc Isnard. C’est en vertu de cette amitié que le diocèse allemand a, par exemple, accueilli l’évêque réfractaire pendant la Révolution. »

Réunification franco-allemande

Installé dans un fauteuil du presbytère, le jeune prêtre supervise les nombreux volets d’un partenariat qui a tissé des liens très fort entre les deux Églises depuis des siècles et a survécu aux pires crises ayant opposé la France et sa voisine d’outre-Rhin. « Lorsque la fraternité a été créée dans les années 1960, l’objectif était de travailler à notre échelle à la réconciliation franco-allemande », explique le prêtre.

Visites de camps de concentration, messes avec des personnes ayant vécu la guerre, échanges entre Français et Allemands : le jumelage diocésain se veut un lieu d’unité. Preuve des liens qui unissent les deux diocèses, une délégation germanique sera présente dans la Sarthe pour assister dimanche 21 mai à la messe d’installation du nouvel évêque du Mans, Mgr Jean-Pierre Vuillemin, « un germanophone », appuie le père Isnard.

Aujourd’hui, la coopération se poursuit. L’accent est moins mis sur les vicissitudes de l’Histoire, mais davantage sur l’enrichissement mutuel entre catholiques manceaux et de Paderborn. « La génération marquée par la guerre est en train de vieillir, souligne le prêtre de La Flèche. Nous nous efforçons de dépasser ce contexte sans l’oublier, en mettant l’accent sur l’apostolat des jeunes. »

Coopérations pastorales et financières

« Toute l’année, des groupes des deux diocèses vont à la rencontre de l’autre, ajoute-t-il. Mais les deux moments les plus importants de ce jumelage sont les fêtes patronales de saint Julien et de saint Liboire », les saints patrons respectifs des diocèses du Mans et de Paderborn. L’an passé, environ 130 Allemands sont venus au Mans et 40 fidèles du Mans se sont rendus en Allemagne. L’association aide également aux échanges entre correspondants, à la recherche de stages pour les jeunes.

Selon le président de la Fraternité Saint-Liboire, les différences culturelles entre les deux pays contribuent à approfondir les relations. « Des questions importantes traversent l’Église allemande, comme on l’a vu avec le chemin synodal, des questions qui ne provoquent pas de revendications particulières, soulève-t-il. Leur approche quotidienne de l’œcuménisme peut nous inspirer aussi. De l’autre côté, l’engagement des laïcs en France, la question des présidents de funérailles a pu susciter des échanges de pratiques pastorales intéressants. »

La coopération entre les deux diocèses s’effectue également sur le plan économique, celui de Paderborn mettant régulièrement la main à la poche pour aider les catholiques du Mans à se rendre en Allemagne. La construction de la maison diocésaine Saint-Julien avait également été permise par la contribution financière du diocèse ami, qui s’élevait à 3 millions d’euros.

Source : La Croix

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